TRADUCTION

vendredi 26 septembre 2014

En mémoire de la Sœur Espérance et de ses compagnons


Trois ans après…
            les CMTs se souviennent de la Sœur Espérance


Soeur Anne-Marie Mataka, cmt
Bukavu/RDC
Notre mémoire se rappelle encore de cette du 25 septembre 2011, date qui marque encore douloureusement la famille Carmélitaine toute entière. C’était un dimanche, autour de 13 heures, une jeep qui revenait du marché de Mudaka s’est dirigée tout droit dans le Lac Kivu. Le bilan est très lourd: un prêtre, une religieuse et un frère en formation, tous trois ont péri par noyade. D’un total de quatre passagers qui étaient à bord, un seul rescapé. C’était une grande perte pour l’Eglise et pour le Carmel. Aujourd’hui, le 25 septembre 2014, trois ans après ce douloureux événement, on s’en souvient encore comme si c’était hier.

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Pour comprendre la valeur de la vie,
                                                   il faut réfléchir sur la mort

Pour faire mémoire des illustres disparus : Le Père Théophile Twagirayezu, le frère Patrick Alimasi et la sœur Espérance Nyiraneza, une messe a été célébrée le jeudi 25 septembre 2014 à 15h30 dans la chapelle de la Communauté Saint Jean de la Croix, des Pères Carmes de Bukavu. C’est le Père Edmond Shabani, le co-promotionnel du regretté Père Théophile, qui l’a présidée. Quatre autres prêtres carmes ont concélébré. La petite assemblée était composée des carmélites missionnaires thérésiennes et de leurs novices qui ont formé la chorale, les membres du Carmel séculier ainsi que de quelques amis et connaissances.

Dans son homélie, le Père Edmond a insisté sur la valeur de la vie. Il a rappelé que nous sommes des passagers sur la terre et que tout est transitoire. Pour comprendre la valeur de la vie, il faut réfléchir sur la mort qu’il a défini comme étant un arrêt complet de toute activité humaine. C’est Jésus qui donne sens et valeur à la vie humaine, a-t-il poursuivi. Pour finir, le Père Edmond a exhorté celles et ceux qui ont pris part à cette célébration,  à vivre en Jésus pour avoir la Vie Éternelle.

En marche ...
                            vers le « jardin des vivants »

Après la bénédiction finale, toute l’assemblée a été invitée à se rendre au cimetière pour la cérémonie du dépôt des gerbes des fleurs sur les tombes, moment de grandes et vives émotions. 

L’heure était à la réminiscence et aux bons souvenirs laissés par Théophile, Espérance et Patrick.  Tout le monde a eu le temps de revivre encore ce qui s’était passé il y a trois ans en ce même lieu.


Après un moment de silence méditatif, le Père Edmond, a aspergé les tombes d’eau bénite et les a encensé. En mémoire des illustres disparus, il a fait monter vers le Seigneur cette prière :

Seigneur, il a fallu que le Christ passe par la mort pour la vaincre avant d’entrer dan la gloire du Ciel ; renouvelle maintenant pour tes serviteurs Théophile, Patrick et ta servante Espérance ce que tu as fait pour ton propre Fils : qu’ils soient, eux aussi, victorieux de la mort et puissent contempler dans toute sa gloire le visage de leur Père qui les a sauvés. Par Jésus le Christ, Notre Seigneur. AMEN


Que par la miséricorde de Dieu, les âmes de nos défunts reposent en PAIX !

jeudi 25 septembre 2014

TÉMOIGNAGES SUR LA SŒUR ESPÉRANCE PAR SES COMPAGNES

 Briser le mur du silence, oser témoigner…

Trois ans après le décès de leur consœur Espérance Nyiraneza, deux de ses compagnes de route sortent de leur silence et veulent témoigner sur elle. Trois ans après, on peut supposer qu’elles se sont remises de leurs émotions et ont pu sécher leurs larmes. Elles n’ont pas voulu taire ce qu’elles ont vu et vécu avec leur aînée. Elles tiennent à faire savoir aux générations présentes et futures qui était la sœur Espérance. Comme pour le prophète Jérémie, dans leur cœur, c’était comme un feu dévorant, à chaque fois qu’elles essayaient d’étouffer ce témoignage.

Témoigner, c’est confirmer la vérité sur quelqu’un par des déclarations ou par des écrits. Témoigner, c’est aussi  faire paraître un sentiment qu’on avait à l’égard de quelqu’un. Mais pour être en mesure de témoigner, l’on doit être capable de communiquer ce que l’on sait. C’est ce que les sœurs Marie-Thérèse Kavira et  Célestine Ngeli, chacune à sa manière, ont tenté de faire dans les lignes qui suivront.
Ce qui est intéressant ici, c’est qu’elles parlent de la Sœur Espérance avec une note d’Espérance en prenant appui sur cette parole de Saint Paul aux Corinthiens : « L’Ecriture dit : j’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous ». (2Cor 4,13-14).  Nous vous livrons leurs témoignages tels qu’elles les ont écrits de leurs mains :

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"Aimer et servir" :

                  Message de la Sœur Espérance  pour notre temps

Marie-Thérèse KAVIRA, cmt
 Lyon/ France
Sœur Espérance Nyiraneza est celle avec qui j’ai fait mes premiers pas au carmel. Elle était l’aînée du groupe et sa manière d’être le prouvait. Elle avait une sensibilité et une attention aux autres. Ce qui m’a le plus touché, c’est sa bienveillance : sa disponibilité à rendre service dans l’oubli de soi , comme le dit notre sœur Teresa Mira : « faisons le bien à tous sans regarder à qui nous le faisons ». Je crois que la sœur Espérance a fait sienne cette devise.
Et à mon avis, cela reste un message d’actualité pour nous aujourd’hui car nous portons en nous cette tendance égoïste  qui nous empêche de nous donner aux autres ; ce qui nous intéresse, c’est notre confort et notre bien-être.
Rendre service demande  une disponibilité et une disposition intérieure ; et surtout un AMOUR  VRAI. Si on n’aime pas  une personne, on ne peut pas se donner la peine de souffrir pour elle. Nous nous rendons compte que l’amour est indispensable pour rester totalement au service de nos frères et sœurs. C’est un bon exemple que je tire de la vie de notre consœur : Aimer et servir.
Au premier banc, au milieu: La sœur Espérance lors de la prise de jupe au noviciat à Bukavu
A l’extrême droit: la sœur Espérance le jour de ses premiers vœux à Bukavu

Témoignage: "Sr. Espérance, Tu resteras toujours notre "Grande Soeur"...

Longtemps, j’avais  refusé de croire que tu sois morte…
Sister Célestine Ngeli,cmt
Tarragona/ Espagne.
Aujourd’hui, le 25/09/2014, cela fait, jour pour jour, trois ans depuis que la sœur Espérance Nyiraneza nous a quitté. Je me souviens encore que c'était un après midi lorsqu'on nous avait téléphoné pour nous informer que le père Théophile, le frère Patrick et notre sœur Espérance avaient connu un accident et que le véhicule à bord duquel ils se trouvaient était noyé dans le Lac Kivu. Ma première réaction était une conclusion rapide : « donc, on peut encore le sauver ». J'avais cette espérance que tout allait se régler. Mais la volonté de Dieu n'était pas la mienne. Dieu les avait déjà appelé dans son Royaume pour une Vie Eternelle. Jusque tard dans la nuit, après l’annonce de cette triste nouvelle, je ne voulais pas y croire parce que je revoyais encore ma consœur Espérance dans ma mémoire. C’est seulement le jour de leur enterrement que je me suis réalisée que réellement ma consœur de promotion n’était plus de ce monde. Je me suis exclamée : "donc, c'est vrai ? mon Dieu ! " J'ai senti une chaleur en moi, une douleur indescriptible  dans mon cœur de façon que mes larmes ne pouvaient couler… C'était pour moi une douleur que je n'avais jamais senti auparavant et je me suis demandé pourquoi le Seigneur a fait cela ? Ma question est restée sans réponse. Finalement j’ai conclu que le Seigneur appelle à lui qui il veut, quand Il veut et comme il veut. Un jour, nous tous, nous mourrons et après la mort il y a la Vie Eternelle. Telle était ma conviction face à la mort de ma consœur Espérance, une mort qui venait de nous frapper brutalement.

Des trésors dans le vase d’argile …
A l'extrême droit: sœur Espérance au noviciat à Bukavu 
J'ai vécu avec la sœur Espérance trois ans durant : deux ans du noviciat et une année du juniorat. Je peux témoigner que c’est une personne digne de son nom. Elle était remplie d'Espérance.  Des vertus et des qualités, elle en avait beaucoup reçu du Seigneur : elle était une personne discrète en qui on pouvait se confier sans peur ni crainte. Comme aînée du groupe,  elle faisait prouve de la maturité. Elle savait être discrète : jamais elle ne divulguait une confidence.  Une personne travailleuse, elle l’était : je me rappelle encore quand on se rendait dans notre  ancienne communauté pour cultiver les champs, comment elle le faisait de tout son cœur. C'est là que nous avions découvert son talent comme responsable sur qui on pouvait compter. Sans se faire supplier, elle rendait service à qui le lui demandait. Sa charité et sa disponibilité étaient sans mesure ! Pour nous, elle était une grande sœur qui savait garder l'harmonie dans le groupe en valorisant la communion et la paix et, par-dessus tout, elle préférait garder le silence.  S'excuser pour une faute commise par mégarde et demander pardon pour favoriser la  réconciliation étaient ses pratiques quotidiennes. 
Tu resteras pour toujours notre « grande sœur »
A l'extrême gauche, la sœur Espérance priant pour ses consœurs qui vont émettre les vœux à Bukavu
Que dire de plus ? Sœur Espérance, tes bons souvenirs resteront toujours gravés dans nos cœurs.  Tu resteras toujours notre aînée dans le groupe et notre grande sœur car tu le mérites. Nous savons que tu es beaucoup mieux là où tu te trouves maintenant. Intercède pour nous et pour toute la congrégation. Tu nous manques énormément. Tu as laissé un grand vide dans nos vies. Tu aurais fait encore beaucoup de bonnes choses sur cette terre. A présent, ta grande mission c'est d'intercéder pour notre province d’Afrique. De ton vivant, nous te l’avons dit et nous te le redisons encore ici : Nous t'aimons beaucoup ! Repose en paix.